Nous sommes le 11 mars. Sur le quai du terminal E1, Tammam fait les cent pas. Le plus dur, c’est l’attente.
Depuis trois jours que les Jaamour sont au Pirée, en Grèce, après un terrible périple depuis la Syrie (lire l’épisode 1, « Les Jaamour, périple d’une famille de migrants »), ils peinent à obtenir des informations. En débarquant sur le plus grand port de Grèce, ils se voyaient déjà en route vers l’Allemagne. L’Union européenne en a décidé autrement. Tammam et son père, Mahmoud, consultent leurs portables reliés au wifi du port : Quelles décisions ont prises les dirigeants européens ? Quand vont-ils nous laisser passer ?
Une sonnerie retentit sur le téléphone de Tammam. C’est son jeune frère, Houmam, déjà installé en Allemagne à l’issue d’un précédent voyage, qui confirme ce que les membres de la famille échouée au Pirée pressentaient : Les gouvernements n’ouvrent toujours pas les frontières.
Trois jours, c’est le temps qu’il aura fallu pour que leur parviennent les conclusions du Conseil européen du 8 mars avec la Turquie. Les chefs d’État et de gouvernement des 28 États-membres ont cédé aux pays les plus réactionnaires et confirmé qu’ils claquaient la porte de l’Union au nez de ces migrants. Les tractations se poursuivent pour trouver un accord avec la Turquie. Pendant ce temps, plus de 50 000 réfugiés sont bloqués sur le sol hellène.
Athènes doit s’adapter, mais ne parvient pas à faire face.