«Mais où est Aram ? », crie Souhayr, sa mère. Depuis plusieurs dizaines de minutes, le terminal E1 du port du Pirée s’est transformé en champ de bataille. Afghans d’un côté, Syriens de l’autre. Les projectiles pleuvent, que Souhayr évite de peu dans sa course. Son plus jeune fils – il n’a pas encore 4 ans – a disparu. Il est un peu plus de minuit.
Depuis la veille, Aram n’est pas bien, fiévreux, endormi, bougon, explique quelques heures plus tôt Souhayr en sortant de la tente sous laquelle est couché son fils. Il faut trouver un médecin. À 20 h 30, Tammam, le frère aîné, et sa mère, l’enfant dans les bras, se dirigent vers le préfabriqué adossé au hall d’accueil. Cette « cabine », comme disent les migrants, héberge les médecins qui viennent bénévolement au terminal E1. Il n’y a pas de pédiatre ici
, répond gentiment une bénévole. Direction le terminal E2, où l’association « Le sourire de l’enfant » dispense, elle, dans son camion médicalisé, des consultations pédiatriques. Souhayr explique, Tammam traduit, Aram s’assoupit.
Vers 21 heures, alors que la troupe est toujours en train de discuter avec le médecin, la police est prise à partie par des réfugiés. Je suis Afghan, pourquoi ne m’ouvrez-vous pas vos frontières ?
, s’époumone l’un d’eux, persuadé que les Syriens sont privilégiés et peuvent passer. Mais la route vers l’ouest de l’Europe est désormais fermée pour tous.