Voilà un peu plus d’une semaine, Les Jours consacraient deux articles au retour de la torture en Turquie. Dans le premier, plusieurs témoins faisaient état de viols, de menaces, de fréquents passages à tabac. Dans le second, j’expliquais comment les décrets-lois pris depuis la tentative de coup d’État du 15 juillet dernier installent un « sentiment d’impunité » dans les commissariats. En fait, c’est pire que cela. Ce n’est pas un « sentiment », mais une véritable impunité qui est désormais offerte aux policiers, comme vient de le prouver le procureur de Trabzon, dans le nord-est du pays, dans une décision motivée datée du 5 janvier, à laquelle Les Jours ont eu accès.
Le magistrat devait statuer sur la plainte d’un homme qui affirme avoir subi des mauvais traitements en garde à vue à Trabzon. Plutôt que d’ouvrir une instruction, le procureur a déclaré la plainte irrecevable, au motif que les actes commis par les fonctionnaires dans le cadre de l’état d’urgence sont désormais exempts de toute responsabilité. Le justiciable affirmait avoir reçu des menaces et des coups de la part de « policiers de garde à la préfecture de police » de Trabzon. Une enquête a été ouverte, que le procureur a vite refermée.