Diyarbakir, envoyé spécial
Pour la troisième fois en une heure, un uniforme fait signe de loin de se ranger sur le côté. Nouveau barrage. Des militaires fouillent les passagers d’une voiture à côté, il faut ouvrir le coffre, la boîte à gants, sortir passeports et cartes de presse. Au loin, on devine une colonne de fumée. Dans le climat turc actuel, on craint un attentat ou de nouveaux affrontements à Diyarbakir, capitale du Kurdistan. C’est seulement un grand feu pour la fête de Newroz, le nouvel an kurde. Il y aura encore trois barrages et plusieurs fouilles pour rejoindre la fête, très politique avec la guerre qui a repris cet été.
La veille, les autorités ont interdit le rassemblement d’Istanbul. « Personne n’avait le cœur à la fête avec l’attentat [lire l’épisode 7, « Istanbul, jour d’attentat »], disait la députée HDP d’Istanbul, Filiz Kerestecioglu. Mais dans une ville aussi cosmopolite, Newroz aurait été un très beau message de paix. » Des centaines de policiers avaient été déployés à Istanbul pour interdire la fête, quadriller les rues. Il ne se passait rien, alors des voltigeurs qui devaient s’ennuyer ont fondu sur un groupe de jeunes hommes qu’ils ont arrêtés. Comme s’il fallait se défouler ou impressionner la population. Même arbitraire à l’entrée de Diyarbakir, où des policiers embarquent de jeunes garçons. La foule regarde en silence. Les drapeaux, les foulards, les tresses, les robes, sont aux couleurs kurdes. Rouges, jaunes, verts.
Newroz est une fête féodale, agraire, qui célèbre l’arrivée du printemps.