Respiration… Sourire… Et même mini-soulagement. Au sixième épisode de La confiscation, voici un petit rayon de soleil bienvenu. Non, « tout n’est pas foutu », comme écrit dans la baseline de cette obsession. François Fillon sort du chapeau primaire avec un programme économique de droite dure, des idées rances sur la famille et une grosse envie de fracasser du fonctionnaire et du syndicaliste ? Bonne nouvelle. Excellente nouvelle, même. On va refaire de la politique, pas le choix ! De la politique, souvenez-vous, cette vieille chose assez essentielle qui consiste à débattre, confronter des idées, des programmes, à exposer un projet de société, des convictions, tout ça pour que chacun puisse se déterminer et voter (ou pas) de la manière la plus éclairée possible.
Alors bien joué, les électeurs de la primaire de la droite et du centre. Et bravo à ceux de gauche qui sont allés glisser leur pièce de deux euros et un bulletin de vote stratégique dans les urnes des Républicains. Pour paraphraser l’un des pères de l’économie libérale, Adam Smith, la « main invisible » (coucou les sondeurs, les journalistes politiques et les acteurs mêmes de la primaire) de cet électorat d’un jour a fait de l’assez bon boulot. Le premier est d’avoir renvoyé pour très longtemps Nicolas Sarkozy vers les tribunes du PSG et vers ses conférences lucratives. La mémoire vive chez nombre de Français (de droite inclus) de la nocivité de ce personnage hystérisant a provoqué la plus saine des réactions. Même sanction humiliante pour Jean-François Copé avec un 0,3 % pour ses viennoiseries indigestes – pains au chocolat et croissants. Et puis Alain Juppé… Le vieux monsieur aux quarante et quelque années de vie politique derrière lui, assorties d’une condamnation à de l’inéligibilité, a pris un méchant coup sur le casque.
Sans même sortir sa calculette, Alain Juppé sait qu’il a perdu depuis ce dimanche 20 novembre de premier tour. Mais comme il croit, à juste titre, que la politique est peu prévisible ces temps-ci et que, sait-on jamais, une autre main invisible plus puissante encore peut inverser la donne, le voici parti à bloc dans le débat d’idées. Avec sa fausse tempérance, l’Aquitain – comme on dit – confisquait ces derniers temps les débats en les rendant cotonneux du haut de sa splendeur sondagière. C’est fini, retour à la politique pour lui aussi.