Salutaire lucidité pour éviter le goudron et les plumes que les électeurs lui promettaient. Ce jeudi 1er décembre 2016, François Hollande, président des habiletés, a décidé de s’auto-éliminer de la vie publique alors que tout s’effondre autour de lui. Merveilleux chaos. Délice de la surprise. « Puisque les événements nous échappent, feignons d’en être les organisateurs. » Les responsables politiques perchés sur les hautes cimes du pouvoir raffolent de la maxime épuisée du dramaturge Jean Cocteau.
Décidément, la politique ne se porte pas si mal ces temps-ci, mais pour aller où ? Après le « blast » électoral qui a terrassé Nicolas Sarkozy dès le premier tour de la primaire de droite et du centre, puis la défaite d’Alain Juppé aux 40 années passées sous les ors républicains, voilà un nouveau trépas politique des plus singuliers.

En dix jours à peine, l’infime brise habituelle du renouvellement politique a soufflé tel un ouragan. Deux présidents de la République sont balayés. Certes, François Fillon est un visage buriné de la droite. Et cela devrait tout particulièrement l’inquiéter : l’humeur du pays n’est plus à la patience avec ceux qui ont ou eu tous les pouvoirs mais n’ont pas obtenu de résultats.
Bonne nouvelle, la politique, ou du moins la chose politique, reprend ses droits. Le citoyen aussi. Une vraie revanche sur un mandat hollandais qui fut une sorte d’acmé de la confiscation ! Où les ingrédients de base qui contribuent à éloigner les citoyens de la politique se sont téléscopés durant cinq ans : projet non défini, absence totale de résultats, promesses électorales dévoyées, surenchères médiatiques pour dézinguer le Président, sondages hors sol, vaines « séquences » (lire l’épisode 2, « C’était la dernière “séquence” (avant la prochaine) »), guéguerre d’egos, artefacts de communication, petites phrases et jeu de massacre. Toute cette politique à l’ancienne devenue insupportable.
Tel un artiste en bout de course dont on connaît à l’avance tous les gimmicks et les réparties, François Hollande était condamné à surprendre. On se fait la place que l’on peut dans l’histoire… Sa décision de ne pas se représenter est un élégant aveu d’échec. Celui d’un homme qui n’a pas conduit la politique pour laquelle il avait été élu. Et qui, plutôt que de s’asseoir sur ses promesses en faisant preuve d’audace institutionnelle, écologiste ou même fiscale, s’est orienté vers un projet social libéral aussi illisible qu’inefficace.