Seul le temps dira si la première impression est la bonne, mais on assiste peut-être à un moment-clé de la jeune histoire du streaming musical. Une bascule de l’enfance à l’adolescence en quelque sorte, créée par la décision de la plateforme Deezer, dévoilée cette semaine, de changer tout son modèle de répartition des revenus au secteur de la musique. Un détail ? De la mécanique comptable sans conséquences sur la vie des artistes et sur ce que nous écoutons ? Probablement pas, tant une bonne partie des problèmes actuels du monde de la musique reposent sur le vieux modèle de rémunération adopté en 2007
On rembobine vite fait parce qu’on a déjà beaucoup parlé de ces débats dans cette obsession des Jours. Depuis l’aube du streaming, toutes les plateformes rémunèrent les acteurs de la musique selon le principe de la part de marché (lire l’épisode 5 de la saison 1, « Streaming : le chemin de l’argent »). On prend le gâteau disponible sur un mois donné (qui cumule revenus de la publicité et des abonnements), puis la plateforme prend sa part (30 %) et 15 % environ vont à la Sacem pour rémunérer les auteurs, compositeurs et éditeurs. Le reste est partagé selon le volume de streams de chaque distributeur : les trois majors, les indépendants Believe et Merlin, d’autres acteurs comme The Orchard, CD Baby, etc. Tout ça est à peu près simple sur le papier, mais on a peu à peu découvert les effets de bord délétères de ce modèle.