Depuis quand les annonces recrutant cinq tourneurs fraiseurs de JSM Perrin, une PME de la métallurgie installée en périphérie de Montargis, sont-elles en ligne sur le site de « Pôle emploi ? Pfff… 2003, peut-être ?
soupire Patrick Bourrelier, son dirigeant à l’épaisse moustache poivre et sel. Cette année-là, cet ingénieur des Arts et métiers reprenait la petite boîte fondée en 1947 par un ouvrier. Pôle emploi n’existait pas encore. Peut-être exagère-t-il légèrement. Mais la précision des souvenirs importe peu, le message reste le même : son secteur manque cruellement de bras et le chômage à 13 % des environs de Montargis n’y change rien. Ses offres sont en souffrance
, comme disent les conseillers Pôle emploi (lire l’épisode 5, « Les vendeurs de chômeurs »). Ou non pourvues
, le terme consacré chez les économistes et les politiques.

Chez JSM Perrin, le cadre de travail n’a pourtant rien de rebutant. Dans le hall d’entrée du bâtiment, un jardin d’hiver sépare les bureaux des 4 000 m2 d’usine. Au mur, des photos jaunies par le soleil : la fusée Ariane au décollage et la grande famille des avions Airbus. Ces engins font la fierté de l’entreprise. JSM Perrin est l’unique fournisseur de plusieurs de leurs pièces. Avant la crise, l’aéronautique représentait 40 % des commandes, à égalité avec l’armement. Aujourd’hui, 90 %. Patrick Bourrelier touche du bois : Le secteur va bien.
Passée d’une centaine à une quarantaine de salariés au plus fort de la tempête, JSM Perrin fait aujourd’hui travailler 60 personnes. Dans le bureau du directeur, une vitre donne sur l’usine où s’affairent les ouvriers. Deux d’entre eux s’apprêtent à partir en retraite ; ils étaient quatre en 2015. Même à activité constante, il faudrait embaucher pour les remplacer
, constate Patrick Bourrelier.
Dans l’imaginaire collectif, l’industrie, c’est toujours Zola. On n’en est pourtant plus là.
Mais les jeunes ne se bousculent pas pour postuler. Peu se forment à ces métiers. Question d’image, juge le patron, qui préside l’UIMM dans le Loiret. Dans l’imaginaire collectif, l’industrie, c’est toujours Zola. On n’en est pourtant plus là.
Il reproche aussi à l’Éducation nationale d’avoir sacrifié les filières manuelles pour emmener 80 % d’une classe d’âge en générale
. Chaque année, il convie des profs à une visite pour bousculer leurs préjugés.