De Grenoble
Le revirement ministériel a pris tout le monde de court. À la suite de l’assassinat de Samuel Paty, à quelques pas de sa salle de classe à la veille des vacances de Toussaint, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait prévu une rentrée décalée à 10 heures, ce lundi 2 novembre. Afin de laisser les enseignants préparer ensemble l’hommage à leur collègue d’histoire-géographie, mort pour avoir montré à une classe de quatrième des caricatures de Mahomet. Blanquer est finalement revenu sur sa décision, deux jours avant la rentrée, invoquant des raisons sanitaires et sécuritaires.
Une volte-face « très violente », qui montre « de manière brutale le décalage entre le timing de la communication politique et le temps pédagogique », regrette Christine Guimonnet, enseignante d’histoire-géographie dans un lycée de Pontoise et secrétaire générale de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG) : « Les profs l’ont très mal vécu, beaucoup sont encore en état de choc. On avait besoin de ce sas de décompression avant de retrouver les élèves, d’en parler entre nous car certains sont moins à l’aise que d’autres pour aborder la question face à eux. »
Au lycée Emmanuel-Mounier, à Grenoble, où Les Jours suivent de l’intérieur la réforme du bac depuis plus d’un an, le proviseur Joseph Sergi a minutieusement préparé cette séquence, indispensable à ses yeux. Il a décidé de la maintenir, « même si les instructions officielles sont différentes ».