De Grenoble
L’hommage à Samuel Paty semble si loin déjà. C’était il y a dix jours, une étrange rentrée au recueillement bâclé par les injonctions ministérielles (lire l’épisode 4, « À 11 h 15, la sonnerie du lycée a retenti trois fois ») et éclipsé par la vedette cathodique de l’année, ce fichu Covid. À l’issue des vacances de Toussaint, peu de profs ont réellement eu le temps de s’attarder sur la sidération qu’a suscité l’assassinat, le 16 octobre, de leur collègue d’histoire-géographie d’un collège des Yvelines (lire l’épisode 3, « “Il s’est fait décapiter pour un truc que je fais tout le temps” »). Au lycée Emmanuel-Mounier de Grenoble, où Les Jours suivent embedded la réforme du bac et où le proviseur Joseph Sergi a tenu, le 2 novembre, à préserver un temps d’échange pour ses enseignants, la course au bachotage a vite repris son compte à rebours.
La pression s’est accentuée avec l’instauration d’un nouveau confinement, le 30 octobre. Mais cette fois, les écoles du pays n’ont pas fermé. Lors de la conférence de presse gouvernementale de ce jeudi, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a simplement rappelé son objectif de cours dispensés à 50 % en « présentiel » dans les lycées, sans fermer les établissements. Pas encore, disent les pessimistes. Pas encore une fois, espèrent nombre de parents, de profs et d’élèves. Ces derniers, à Mounier, ont depuis septembre pris l’habitude de venir en cours masqués (lire l’épisode 1, « À Grenoble, back dans le bac »).