Ce lundi matin, les enseignants du collège Aimé-Césaire sont arrivés trois quarts d’heure avant le début des cours. Pour parler de ce qui s’est passé. Parler, surtout, de la façon dont ils allaient aborder les attentats avec les élèves, comment ils allaient organiser la minute de silence, comment gérer l’émotion – la leur et celle des élèves –, appréhender d’éventuels états de choc, d’éventuels dérapages aussi. Une enseignante confie qu’elle ne se sent pas d’entendre des propos justifiant les attentats. Pas cette fois-ci.
Ce matin, dans la salle des profs, les visages sont marqués, les silhouettes comme figées. Jean-Louis Terrana, le principal, voudrait commencer son intervention par un trait d’esprit, mais sa voix s’enroue et ses yeux s’embuent. Il demande si des personnes ont été personnellement touchées. Les têtes dessinent un non silencieux. Il détaille aux enseignants les consignes du ministère sur les sorties scolaires et sur la minute de silence. Il tient à ce qu’elle soit préparée par une discussion préalable avec les élèves. L’année dernière, ça s’est plutôt bien passé, mais nous avons néanmoins eu quelques incidents
, rappelle-t-il.
Aller au Stade de France, à un concert, être en terrasse avec des amis, même si eux, c’est plutôt chez le grec qu’au bar, ça leur parle.
Pour certains profs, cet après-Charlie demeure un souvenir difficile. L’une pense que ce ne sera pas pareil :