Sur le plan de quartier, un pâté d’immeubles de la rue Max-Dormoy est entouré en rouge avec, comme seule indication, en rouge également, le chiffre 3. Ces trois élèves, ils sont pour nous
, dit Jean-Louis Terrana en tapotant de l’index la carte posée sur son bureau. Il décrypte : Ça, c’est de l’haussmanien, des grands appartements. Ce sont des bobos.
La composition sociologique de cet immeuble n’est pas indiquée aussi précisément dans les documents statistiques à sa disposition, mais le principal du collège Aimé-Césaire connaît son secteur comme sa poche. Je me promène, je me renseigne, c’est finalement très empirique
, dit-il l’air de rien. « Et là, répète-t-il tapotant à nouveau le cercle de feutre rouge, je sais que ce sont des familles plus aisées ». Le principal a bataillé pendant des semaines pour que cette minuscule parcelle de la rue Max-Dormoy reste dans le périmètre de la carte scolaire d’Aimé-Césaire et n’échoie pas au collège voisin, qui lorgnait aussi dessus. Il a obtenu gain de cause.
Chaque année, l’académie de Paris redéfinit la carte scolaire en fonction des prévisions d’évolutions démographiques à venir, du nombre de places disponibles dans chaque établissement. Mais aussi de données qui n’apparaissent pas dans la statistique publique : l’ambiance d’un quartier, les problèmes particuliers d’un établissement.