Emmanuel Moulin cochait toutes les cases pour devenir directeur de cabinet du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire. Le conseiller avait déjà servi dans les cabinets de la droite sarkozyste, à Bercy et à l’Élysée. Il est, en plus, un ami proche de l’actuel secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler. Les deux hommes se sont rencontrés sur les bancs de Sciences-Po, puis croisés dans les différents services de Bercy – ils tous les deux issus de l’administration du Trésor, l’une des plus prestigieuses du ministère, véritable forteresse interne. Comme pour Emmanuel Moulin, obtenir une nomination comme conseiller nécessite de soigneusement cultiver ses réseaux au sein du pouvoir. La composition des cabinets ministériels obéit à des lois tacites et les choix s’opèrent dans la plus grande opacité. La cooptation est quasiment la règle pour recruter celles et ceux qui vont entourer les ministres, devenir leur bras droit et parfois, même, décider à leur place (lire l’épisode 4, « Au service secret de leurs ministres »). Quelques jours au plus tard après leur nomination, les ministres désignent leur « dircab ». À leur tour, ces derniers auront ensuite un rôle décisif dans le choix du reste des équipes.
À son arrivée au ministère de l’Environnement, mi-2013, Ségolène Royal se rappelle avoir reçu « beaucoup de candidatures spontanées », raconte-t-elle aux Jours. Elle choisit une recrue expérimentée et implantée dans son fief électoral pour diriger son cabinet.