Les Républicains, le petit remplacement

Droite radicale ou radicale de droite ? Éric Ciotti ou Valérie Pécresse ? Les adhérents du parti Les Républicains (LR) doivent désormais faire un choix très resserré, entre vendredi 8 heures et samedi 14 heures, pour désigner leur candidat en vue de la présidentielle de 2022. Le premier tour de la primaire a composé ce jeudi une affiche de cinéma quasi gore, Ciotti-Pécresse, et confirmé une tendance lourde sur le fond. Car les deux finalistes avaient repris le costume – si l’on ose – de François Fillon (lire l’épisode 2, « Le spectre de Fillon hante la primaire de la droite »). Très strict sur le « régalien » (entendre sécurité, immigration), très libéral sur l’économie. Valérie Pécresse, ex-chiraquienne, ex-tenante d’un « gaullisme social », avait annoncé la couleur en invitant auprès d’elle, ce lundi, pour son dernier meeting, une guest-star du nom de Brice Hortefeux. Le ministre de l’Immigration de Nicolas Sarkozy a chauffé la salle de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Drôle, Hortefeux. Parlant de Pécresse, il raconte : « Il y a son mari [dans l’assistance]. C’est mieux pour tous ceux qui, comme moi, font des réunions aux côtés de Valérie ! » La soirée avait commencé sur le set « techno-house » de Nataly K, la DJ attitrée de Valérie Pécresse, qui donne envie de boire des cocktails bleu lagon. Elle s’est poursuivie par le théâtre de boulevard de Brice Hortefeux. S’est conclue par un retour de Nataly K aux platines, qui a lancé La Marseillaise.

Valérie Pécresse est donc qualifiée pour le second tour de ce scrutin interne des Républicains, avec 25 % des suffrages. La présidente de la région Île-de-France est devancée de 0,6 point par Éric Ciotti, le moins attendu des pronostics mais qui triomphe, puisque les pronos se trompent toujours (Sarkozy-Juppé en finale de la primaire de droite en 2016, Hamon éjecté de celle de gauche de 2016, Jadot triomphal dès le premier tour de celle des écolos en 2021 et autres prédictions foirées). Michel Barnier et Xavier Bertrand sont éliminés avec 23,9 % et 22,3 % des voix. Quant à Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, et chef du service des urgences à l’hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, il récolte 3,1 % des suffrages. Le scrutin se joue à quelques centaines de voix près, le corps électoral réunissant 113 038 adhérents LR, par voie électronique.

Éric Ciotti a gagné et, pourtant, il était méprisé.