Au sein de l’État islamique, Bilel habitait une maison dans un petit village près d’Al-Bab, la plus grande ville du gouvernorat d’Alep, sous contrôle de l’EI. Même s’il affirme n’avoir pas souvent assisté à des exécutions, certaines scènes de violence l’ont marqué. Des têtes coupées rapportées des combats avec les rebelles syriens et posées au milieu du village. Menaces ou trophées. Les enfants jouaient avec, ça les fascinait complètement. Mais les grands, ça leur faisait plus peur.
Bilel assure n’avoir jamais combattu. C’est d’ailleurs la ligne de défense qu’adoptent la plupart des jihadistes de retour de Syrie, une fois en France. « Moi, je me suis dit “Je vais aller en Syrie pour pouvoir aider” », répète-t-il. Donc quand je suis venu, j’avais dit à mon contact “Voilà, je viens pas pour combattre, moi je viens pour aider.” » Une fois à l’EI, Bilel a tout de même fait le muaskar une deuxième fois, après un premier passage du temps où il officiait chez les jihadistes marocains de Harakat Sham al Islam. « Mais c’était un muaskar religieux cette fois. Ils donnent des cours religieux, tu fais du sport le matin… »
À la fin du muaskar, Bilel doit prêter allégeance au calife et décider de son orientation : Ils te demandent où tu veux aller, si t’as des compétences particulières, etc. Donc moi, je voulais pas combattre et à un moment, ils ont demandé des chauffeurs. Je voulais apporter ma contribution.
L’EI cherche alors des conducteurs de minibus pour déplacer ses partisans, hommes et femmes.