C’est une « revenante » de l’État islamique qui rêve encore d’État islamique, et même d’attentats en France. Lena a passé près d’un an en Syrie avant de revenir déçue, mais toujours attachée à cette idéologie. « Si c’était à refaire, je prends ma valise et je repars », lance-t-elle sans hésiter. De France, où elle vient d’un milieu populaire issu de l’immigration algérienne, cette étudiante, qui ne porte le niqab que depuis deux mois, quitte ses études et rejoint en Syrie un jihadiste français qu’elle a connu sur internet quelques semaines avant son départ, fin 2014. Au début, malgré des difficultés matérielles, elle dit vivre un vrai bonheur et file « le grand amour ».
Mais au bout de six mois, les complications commencent avec la mort de son mari au combat. Veuve, elle se retrouve seule, sans protecteur, placée contre son gré dans dans une maison pour femmes. Ses biens lui sont retirés, elle finit par être emprisonnée, soupçonnée d’espionnage. Et dans des conditions confuses, elle parvient à s’enfuir au bout de quelques mois. Au sein de l’EI, Lena explique avoir subi des violences physiques et psychologiques, « vu les pires injustices ». Pourtant, elle garde une image émerveillée de l’organisation et de son projet.
Car selon elle, les problèmes viendraient de la base et notamment des combattants français, qui « ont importé leur jahilya de cité », tandis que la haute hiérarchie conserverait toute sa pureté. D’ailleurs, après son expérience au sein de la cellule-mère en Syrie, elle nourrit de nouveaux projets de départ au sein, cette fois, de la branche libyenne de l’EI installée dans l’ex-bastion kadhafiste de Syrte. Là-bas, les Français, réputés pour leurs mauvaises habitudes, sont moins nombreux, peut-être une trentaine à peine. Cette nouvelle franchise de l’État islamique aurait selon elle tiré les enseignements des erreurs commises au Levant. Mais l’offensive lancée en mai 2016 par les forces libyennes de Misrata, soutenues par les bombardements américains, a douché ses espoirs de seconde hijra. Ses papiers d’identité confisqués, elle est actuellement libre sous contrôle judiciaire, dans une France contre laquelle elle rumine sa haine, dans l’attente de son procès pour « association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme ».
L’attentat de “Charlie Hebdo”, ah ! C’était l’un des plus beaux jours de ma vie.
Enveloppée dans son long jilbeb et ses gants noirs, cette petite femme enrobée ne passe pas inaperçue dans les rues de Paris. Du haut de ses 22 ans, elle aimerait porter le