Safya a quitté l’EI pour des motifs matériels et familiaux, plus que par rupture idéologique. Son bébé est la principale raison de son retour en France. Un jour, venue dans un hôpital de Raqqa pour une échographie, elle assiste à un accouchement. Au détour d’un couloir, elle aperçoit une jeune femme soutenue dans la douleur par sa mère, contrainte de mettre son enfant au monde sans péridurale. Safya a comme un flash. Elle ne s’imagine pas accoucher dans de telles conditions, sans sa mère et sans péridurale. « Franchement, j’admire les femmes qui accouchent en Syrie. Y a plein de femmes qui accouchent là-bas. Elles sont pas toutes mortes. Mais là-bas, ils savent pas trop faire les péridurales. Tout le monde le déconseille, donc elles accouchent sans péridurale. Moi, c’était pas possible. J’avais peur. Niveau hygiène, c’est loin d’être la France. Et psychologiquement, c’est trop dur d’entendre sa mère pleurer, te supplier de revenir. J’attends un enfant, elle me disait que j’allais le priver de tout ça, que j’avais pas le droit. Des paroles qui touchent forcément. »
Dès cette prise de conscience, Safya s’en ouvre à son mari, un combattant français, et lui enjoint de trouver une solution pour rentrer en France le plus vite possible. «