Il était en Turquie pour les vacances, a pris un taxi à Istanbul, s’est endormi sur la banquette arrière puis s’est réveillé quelques heures plus tard dans la ville d’Akçakale, à la frontière syrienne… À son retour en France, les premières explications de Yassin font sourire les enquêteurs. Les versions des jihadistes revenus de Syrie sont souvent farfelues, mais le jeune homme a mis la barre un cran plus haut avec cette histoire d’enrôlement dans l’État islamique (EI) à son insu. Dans son récit aux Jours, Yassin concède aujourd’hui que cette comptine ne tenait guère la route. C’était pas terrible terrible. J’avais pas l’inspiration à ce moment-là.
Yassin reconnaît maintenant avoir cédé aux sirènes de l’État islamique. C’était une énorme bêtise ; le mot est faible. Je suis très reconnaissant, j’ai conscience d’avoir mis tout le monde en danger. C’est difficile à assumer.
Pourquoi la propagande jihadiste a-t-elle fonctionné dans l’esprit de ce jeune Français ? Les ressorts de ce phénomène sont protéiformes, multifactoriels et touchent des profils variés, aux origines sociales diverses, pas toujours pour les mêmes raisons. Le jihadisme propose à des égos froissés de devenir des héros de l’islam sunnite. L’EI s’inscrit dans la prophétie eschatologique musulmane et vend un statut valorisé au sein d’une utopie, celle d’une cité idéale pour tous les musulmans.
À l’époque, Yassin souffre d’un sentiment d’échec et de frustration.