Zoubeir retrousse son jean avec embarras, légèrement honteux. Laisse discrètement entrevoir au-dessus de sa basket un cercle de plastique noir vissé au mollet : son bracelet électronique. Les premiers mois de sa libération, en 2015, le contrôle judiciaire de Zoubeir est relativement contraignant : obligation de ne pas quitter la Seine-Saint-Denis, pointage une fois par semaine au commissariat. Certaines nuits, les souvenirs des bombardements troublent encore son sommeil. Un suivi psychologique, inclus dans ses obligations judiciaires, l’aide à extérioriser et à mieux dormir. En Syrie, j’ai vu des gens en train de traverser la rue et bim, y a un baril de TNT qui leur tombe dessus. Tu retrouves le bras d’un côté, la jambe de l’autre au bout de la rue. C’est dégueulasse. J’en fais des cauchemars, mais psychologiquement, je suis pas traumatisé.
Zoubeir n’est pas mécontent de bénéficier d’une libération conditionnelle, après un an d’incarcération dans la plus grande prison d’Europe, Fleury-Mérogis, dans l’Essonne. Vraiment, c’est le pire moment de ma vie. Pire que la Syrie. Pourtant, les prisons françaises, c’est le luxe par rapport aux prisons marocaines ou tunisiennes.
Zoubeir reconnaît que la privation de liberté a eu un effet bénéfique sur lui, le forçant à l’introspection.