De Montpellier
Au fond, et cela nous échappe souvent à leur écoute, les socialistes sont de grands esthètes. Juste un peu distraits avec les chiffres et surtout terriblement humains face à ces satanées machines, aux logiciels, aux comptes et décomptes. En publiant mercredi soir (soit trois jours pleins après le scrutin) le chiffre de la participation à la primaire (1 655 919 votants), assorti du détail de chaque circonscription, le PS pense avoir réussi à contrer l’essentiel : le soupçon de fraude sur le nombre d’électeurs venus pour de vrai aux urnes. Reste une somme de petites et grosses bourdes qui, dès lundi, ont distillé un fumet de confusion et d’amateurisme. Explications.
Dans l’Hérault, comme dans chaque département, les socialistes avaient désigné un représentant de la Haute autorité des primaires citoyennes chargé de veiller au bon déroulement du scrutin. Daniel Mainguy, 50 ans, professeur de droit à l’université de Montpellier (UM), est donc ce « délégué » qui, à chaque tour, a le pouvoir de valider et de transmettre à Solférino les résultats, bureau de vote par bureau de vote. Au deuxième étage de la fédération du PS de l’Hérault, il opère depuis le bureau du premier fédéral, Hussein Bourgi. Détail essentiel : lui seul est en possession des codes informatiques donnant accès au logiciel pour valider les chiffres (participation et résultats) des 156 bureaux de vote du département.
Juriste chevronné et spécialiste des actions de groupe (class actions en V.O.), Daniel Mainguy, costume trois-pièces, Légion d’honneur et sourire en coin, reçoit dans son vaste bureau de la fac de droit où les photos de Madonna (« je suis un fan ») lorgnent sur des rayonnages d’ouvrages juridiques.