Il a fait son Trump. Comme le Président américain et – de mémoire de journaliste – sans précédent en France, Emmanuel Macron a invité ce vendredi matin les caméras dans son bureau pour immortaliser la promulgation de la loi « moralisation », une semaine après sa validation par le Conseil constitutionnel. Cela n’a pas duré très longtemps, à peine deux minutes. À 9 h 48 très exactement, le chef de l’État est entré dans son bureau accompagné de Nicole Belloubet, garde des Sceaux, et de Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement. Il s’est assis, a signé les deux textes de loi pour la confiance dans la vie politique (la loi ordinaire et la loi organique) pendant que ses deux ministres restaient debout, l’air de ne pas trop savoir ce qu’ils faisaient là.
Cette tâche accomplie, il a dit avec un ton velléitaire, pendant que sa main frappait son bureau, que les deux textes qu’il venait de signer étaient « importants » car ils constituaient des « engagements de campagne importants qui constituent une vraie rénovation de notre vie politique ». Et de citer : « L’impossibilité d’embaucher un membre de sa famille est ainsi maintenant promulguée. L’impossibilité d’être élu quand on a un casier judiciaire B2 est promulguée, contrairement à ce que beaucoup de gens ont dit ou peuvent encore croire. Ce que nous avons promis, nous l’avons fait. » Puis, après avoir remercié son éphémère ministre de la Justice François Bayrou, « qui a beaucoup défendu ses idées », et celle qui lui a succédé, Nicole Belloubet, « qui a porté ce texte devant le Parlement », Macron a redit que les « promesses et engagements de campagne ont été tenus » et est sorti par la porte de gauche, accompagné de ses deux ministres, toujours silencieux.

Alors là, on a bondi. Et vous aussi – j’espère –, lecteurs, si vous avez bien tout lu cette obsession (sinon, c’est pas grave, vous savez ce qu’il vous reste à faire en commençant ici). Car s’il y a bien une chose qui ressort de tout le parcours de la loi « moralisation », c’est que les promesses de campagne du candidat Macron ont un lien très distendu avec le texte finalement adopté. Quelques promesses ont effectivement été respectées (comme l’interdiction pour les élus d’embaucher des membres de leur famille), mais sinon, la loi adoptée est avant tout une histoire d’oublis, de réécriture et de surprises.