Immenses couloirs déserts, moquette rouge très épaisse… Quand on met pour la première fois les pieds au Sénat, on ne peut qu’être frappé par l’impression de sérénité qui se dégage du lieu. Sentiment décuplé quand on croise un sénateur qui, du haut de son grand âge, porte sur le monde un regard de vieux sage. Mais attention, derrière ce vénérable décorum se cachent des passions très fortes qui ne demandent pas grand-chose pour s’exprimer. Par exemple, une loi « moralisation » qui remet en cause bon nombre d’avantages des parlementaires – même ceux aux cheveux blancs – : possibilité d’employer son conjoint, remboursement de ses frais sans justificatif, utilisation d’une réserve parlementaire pour s’adonner au clientélisme… Très énervés, certains sénateurs se sont lâchés et ont déposé des amendements assez croquignolets pour modifier ce texte visant à « rétablir la confiance dans la vie publique ». C’est l’un des aspects amusants – et méconnus – de la fabrique de la loi : tout parlementaire peut demander à modifier à sa guise le projet gouvernemental, à condition de fournir une justification, même farfelue (incluse dans la partie « objet » de chaque amendement). La chance de voir aboutir ces coups de colère est faible, mais pas nulle. Pour la loi « moralisation », on va le savoir très vite : son examen en séance débute ce lundi.
Commençons par les propositions du sénateur de l’Eure Hervé Maurey, qui a bien voulu les détailler pour Les Jours.