Caterina Avanza a appris la nouvelle par Telegram. Elle était au travail et surveillait d’un œil l’appli sur laquelle les militants d’En marche communiquent entre eux. « Tout le monde était surexcité », rapporte cette animatrice d’un comité du XIe arrondissement de Paris. Marianna Mendza, candidate à l’investiture pour les prochaines législatives (lire l’épisode 2, « Chez Macron, comment se délivrer du mâle ? »), a elle aussi vu fleurir sur son téléphone portable des symboles joyeux : applaudissements, sourires… La nouvelle du ralliement de François Bayrou (pardon, de « la proposition d’alliance », insiste-t-il) à Emmanuel Macron réjouit les adhérents (en tout cas ceux avec qui j’en ai parlé).
« On est super contents, il n’y pas mieux pour nous », me dit Marianna. Elle ne s’identifie pas au « personnage », qu’elle trouve un peu « de la vieille école », mais elle accueille sa venue comme « une très bonne nouvelle », qui conforte la position d’Emmanuel Macron. Le candidat d’En marche a envoyé ce jeudi un mail aux adhérents de son mouvement pour expliquer pourquoi il acceptait la proposition. « C’est un tournant de la campagne », analyse-t-il, un peu solennel.
« François Bayrou est forcément le bienvenu », réagit Caterina. En renonçant à la course présidentielle, après trois tentatives en 2002, 2007 et 2012, le fondateur du Modem a pris, selon elle, une décision « sage », « responsable ». Et utile, pourrait-elle ajouter. Les reports d’électeurs centristes dont Emmanuel Macron pourrait bénéficier peuvent « faire la différence », complète Caterina. « Cela aurait été un problème d’avoir sa candidature entre les pattes avec un programme et un positionnement relativement proches. C’est compliqué de chercher des électeurs dans le même bassin ; là au moins, on rame dans le même sens », avance-t-elle.
« Je pensais que s’il se maintenait c’est nous qui en aurions pâti. Là, cela nous permet de passer en deuxième position plus facilement, se rassure Maria Paz Usach Fave, une militante de Dijon que j’avais rencontrée à une journée dédiée aux femmes au QG de Macron, dimanche dernier (lire l’épisode 5, « Chez Macron, l’académie des meufs »). Elle est soulagée d’éviter la dispersion. « Cela se voit peut-être moins à Paris, mais ici, on a sous les yeux la montée du Front national. C’est effrayant, et je pèse mes mots. Bayrou l’a dit et je suis d’accord : il faut une coalition, une union pour battre Marine Le Pen. »

Le leader du centre a posé ses conditions, qui portent notamment sur la moralisation de la vie politique.