Le mur au-dessus de la table blanche est tapissé d’affiches. Sur chacune d’elles, seize petites photos d’identité alignées par rangées de quatre. Elles me font penser aux affichettes d’enfants disparus que l’on voit parfois dans les gares ou les aéroports, des portraits datant d’il y a plusieurs années, vieillis par ordinateur, avec une date de disparition. Sauf qu’ici, dans ce bureau de la Croix-Rouge lyonnaise, dans le sud-ouest de la ville, ce sont les visages de ceux qui cherchent qui sont exposés, sans nom, sans date, sans autre information que celle du lien de parenté avec la personne recherchée. « I am looking for... », « je cherche... mon fils, ma femme, mon mari, mon père, ma famille… » Sur le mur d’en face, huit cartes punaisées débordent du tableau en liège : des plans de Kaboul, de Bangui, de Kinshasa, des cartes d’Afghanistan, du Darfour… « On travaille aussi avec Google Earth et avec des cartes du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU pour les régions en conflit », explique Mujahed Al Adib, étudiant en master de finances et volontaire au service de rétablissement des liens familiaux (RLF) (lire l’épisode 12, « Les noyés du désert »). Il l’a choisi pour son service civique de neuf mois par conviction : « J’ai quitté la Syrie en 2014, alors je connais bien le problème. »
Posés sur une petite étagère dans un coin de la pièce, quelques jeux pour enfants et trois livres, de quoi occuper les plus jeunes le temps de l’entretien avec les personnes recherchant leurs proches, arrivés là sur les conseils d’associations ou de travailleurs sociaux.