À Roubaix (Nord)
Il est 8 heures et le soleil tape déjà sur la petite place devant le centre commercial Géant Casino de Roubaix, dans le Nord. Deux hommes et une femme, arborant fièrement un gilet de l’union locale CGT de Tourcoing, patientent tranquillement en papotant. « On attend Sonia. » Sonia Khacer, salariée du magasin Nocibé de Roubaix et déléguée CGT, qui arrive justement, suivie d’une vingtaine de syndicalistes locaux. On s’embrasse, on rigole. Sonia paye sa tournée de cafés et, à 8 h 30, l’équipe s’engouffre dans le centre commercial. Tous se connaissent, habitués de la lutte. Devant la vitrine rose et brune, leurs slogans sonnent comme les chansons d’une fête de famille. « Michou », sexagénaire endiablé, joue les mascottes et s’époumone en dansant. Tous ont répondu présent pour soutenir leurs camarades salariées de Nocibé
Sonia Khacer, Linda Karrad, Fatima Khouane, Stéphanie Landon et Houraya Jaaoura sont en grève. En janvier dernier, la holding allemande Douglas et sa filiale Nocibé ont annoncé la fermeture de 62 boutiques dans l’Hexagone et la disparition programmée de 347 emplois. Lancé par la CGT, SUD et la CFTC
On a toujours fait nos blocages comme ça. Les palettes, c’est notre folklore à nous, on y tient. On ne va pas y mettre le feu en plein milieu d’un centre commercial, on n’est pas stupides !
Si la direction régionale d’Île-de-France a décidé de fermer pour la journée les deux boutiques parisiennes dont les équipes, syndiquées chez SUD, prévoyaient de faire grève, celle de Roubaix, elle, aurait dû ouvrir ses portes, toutes les employées n’ayant pas répondu à l’appel des syndicats. C’était sans compter la petite troupe de la CGT, bien décidée à bloquer les portes de Nocibé jusqu’au soir.