Un « coup de massue ». L’expression revient sans cesse dans la bouche des salariées de Nocibé, pour décrire l’effet provoqué par l’annonce de la fermeture de 62 boutiques dans l’Hexagone et la disparition programmée de 347 emplois (lire l’épisode 1, « Chez Nocibé, un plan social de toute beauté »). Pour les conseillères et esthéticiennes, c’est l’incompréhension
À Nocibé, si nombre de salariées s’accordent à dénoncer des conditions de travail dégradées, le taux de syndicalisation n’atteint pas 20 %. Le droit du travail est loin d’être un b.a.-ba que chacune connaît sur le bout des doigts. Quant aux grèves, elles sont rares et très peu suivies
Vendre des produits à la chaîne, ça ne m’intéresse pas. Plus j’ai été accaparée par mes fonctions de déléguée, moins j’ai été présente en magasin. Et ça me va bien.
Nous sommes au début des années 2000, Nocibé est en pleine expansion et rachète des fonds de commerce à tour de bras. Le groupement de boutiques indépendantes où travaille Véronique est vite absorbé. La conseillère beauté a déjà près de vingt ans de métier. Un an plus tôt, un responsable de la société lui a proposé de rejoindre le comité d’entreprise. « “Je te verrais bien faire ça”, m’a-t-il dit. Aujourd’hui, il est l’un des directeurs des ventes chez Nocibé et vu le nombre de fois où on s’est écharpés, j’imagine qu’il a quelques regrets de m’avoir mis le pied à l’étrier ! », s’amuse la quinquagénaire. Pour elle, c’est l’occasion de voir autre chose que les murs de sa boutique. Alors quand Nocibé avale sa parfumerie, elle candidate aux élections du comité d’entreprise de l’enseigne et est élue. Véronique n’est pas très sûre de son rôle, mais de toute façon, la représentation salariale est plutôt balbutiante.