À Chami (Mauritanie)
Dans la rue principale de Chami, dans l’ouest de la Mauritanie, on ne serait pas surpris de tomber, au coin d’un immeuble, au milieu des innombrables boutiques d’équipement aurifère, sur Samuel Brannan. La légende dit que c’était lui l’homme le plus riche de Californie en 1848, à l’heure de la ruée vers l’or. Un simple vendeur de pioches. À 27 ans, il quitte son Maine natal pour s’installer à San Francisco, où il lance le California Star, premier canard de la place. Las ! Ses employés l’abandonnent quelques mois plus tard dès qu’on leur vend le rêve de l’or au bar. Le jeune Samuel s’interroge : doit-il se ruer lui aussi ou peut-il profiter du chaos en ville ? Il décide d’investir tout son compte en banque pour racheter, en quelques mois à peine, tout le stock de pelles et de pioches de San Francisco. Il se crée un monopole. La revente au détail du matériel soigneusement acquis fera sa fortune.
Dans le vaste Sahara, une région déjà en proie à tant de défis sécuritaires et économiques, d’où vient l’argent des pick-up ? D’où viennent les dix mille marteaux piqueurs que l’on entend rugir ? Où trouve-t-on les cent mille pioches qui retournent le sable ? Ici, tout apparaît d’un coup, comme par magie, y compris les hommes. Ce n’est pourtant pas la Californie en 1848, les articles sur la ruée du 21 février dernier vers le nouveau site d’orpaillage de Tamaya (lire l’épisode 1, « En Mauritanie, l’or leur met la fièvre ») se comptent sur les doigts d’une main.