À Chami (Mauritanie)
Le contraste entre la mairie de Chami, vide, et la ville, qui grouille de monde, est saisissant. Il n’y a guère ici que le large drapeau mauritanien qui trône en haut de son mât, dans la cour, et un petit écriteau installé sur le mur d’enceinte, dehors, pour annoncer le bâtiment officiel. À l’intérieur, les pièces sont désertées et le sable a déjà passé le pas de la porte. Le bureau est minimaliste : une large table de travail, vierge, un portrait du président Mohamed Ould El-Ghazouani accroché au mur et quatre chaises pour les éventuels visiteurs. Rien de plus pour Limam Ould Sidi, le maire d’une des villes les plus importantes de la Mauritanie d’aujourd’hui, et surtout de demain.
Chami est une de ces villes qui paraissent sorties d’un film muet en noir et blanc. Charlie Chaplin danserait au milieu de la rue, comme dans son film de 1925, que ça n’ajouterait pas grand-chose à l’irréel. Plantée au milieu du rien, dans le désert mauritanien à mi-chemin entre les capitales économique et politique Nouadhibou et Nouakchott, elle est la capitale saharienne de l’or. Il n’y a aucune autre ville dans le « Grand désert » qui, comme Chami, s’est construite autour de l’or.
On trouve bien Gatrun, en Libye, Tinzawatène, au Mali, Djanet, en Algérie, ou Arlit, dans le nord du Niger, qui sont des passages quasi obligés de la migration de l’est vers l’ouest des « fiévreux » (lire l’épisode 2, « Au Sahara, le périple des petites mains de l’or »), mais elles précèdent de loin l’arrivée de l’or.