À Agadez (Niger)
«C’est ici, là, sur ce terrain ! C’est là que tout s’est passé ! » Devant le doigt pointé vers l’horizon de Maman Aboubacar, grand et maigre quarantenaire aux longs bras, s’étend un immense terrain vague sablonneux où des sacs en plastique s’accrochent aux rares herbes folles. Il n’y a ici rien de particulier à première vue hormis, à environ 500 mètres, les hauts murs d’enceinte d’une imposante base militaire américaine. Nous sommes en périphérie d’Agadez, dans le nord du Niger. Un vendredi de mai 2022, la rumeur a couru plus vite que la poussière ne vole : il paraît qu’on a trouvé de l’or près de chez les Yankees…
Au quartier, qu’on appelle Misrata, comme la ville libyenne, depuis que des immigrés libyens s’y sont installés, Maman Aboubacar est surnommé « Müller » : il est un fan absolu de la star allemande du ballon rond des années 1970, Gerd Müller. Le quartier est mal loti mais en pleine expansion. Les machines à béton poussent à longueur de journée des cris de grogne, les terrains vagues sont autant de terrains de foot improvisés, et des maisons immenses surgissent de terre à chaque coin de piste. Par contre, pas de goudron à plusieurs kilomètres à la ronde. Misrata, ainsi que le quartier