Dans les années 2000, la France avait découvert qu’un homme qui n’avait pas particulièrement le profil d’un génie du crime, le chauffeur de car Émile Louis, avait pu tuer dans les années 1970 sept femmes dans l’Yonne sans même provoquer l’ouverture d’une enquête judiciaire. Il avait fallu une émission racoleuse du TF1 des années 1990 (Perdu de vue) et l’action acharnée de l’Association de défense des handicapés de l’Yonne (ADHY) pour que l’institution judiciaire, contrainte et forcée, mette enfin au jour ce crime béant (lire l’épisode 3, « Le dernier fantôme d’Auxerre »). Les années 2020 révèleront-elles un autre scandale de même ampleur, à savoir les meurtres de quatre petites filles en 1987
Contrairement à l’Yonne (où les cadavres avaient au départ été escamotés), la justice a ouvert des enquêtes dès 1987, les victimes enlevées ayant été retrouvées mortes immédiatement ou presque. Le système pénal a pourtant échoué encore une fois à trouver le ou les auteurs, dans un cheminement passablement chaotique où, cette fois-ci, il en a plutôt trop fait. Il a en effet dispersé ses efforts entre trois juridictions (Nanterre, Évry, Bobigny) avec quatre services d’enquête distincts (trois services de police et une unité de gendarmerie), alors qu’un minimum de coordination voire une réunion d’au moins deux dossiers, voire des quatre, aurait dû s’imposer. C’est enfin fait… trente-six ans après. Les quatre affaires viennent d’être rassemblées au pôle « cold cases » de Nanterre, où les juges d’instruction engagent une course à handicaps pour trouver la solution de ces crimes, parmi les plus atroces de l’histoire récente du pays.
Matériellement, on ignore toujours aujourd’hui si les enlèvements et les meurtres de Virginie Delmas, 10 ans, Hemma Greedharry, 10 ans, Perrine Vigneron, 7 ans, et Sabine Dumont, 8 ans, commis de manières très similaires voire identiques dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres et en moins de deux mois, entre le 5 mai et le 27 juin 1987, sont le fait du ou des mêmes auteurs. Le parquet du pôle « cold cases » affiche une grande prudence.