C’est une histoire parmi des centaines, un de ces mystérieux dossiers d’homicide qui meurent doucement sur les étagères des tribunaux, alors que des chemins ont été tracés pour parvenir à une solution, peut-être. Le pôle « cold cases » de Nanterre refuse pourtant de rouvrir la procédure visant le meurtre, le 9 février 2010 à Sarcelles, dans le Val-d’Oise, de Jean-Pierre Charbonnier, un retraité de 64 ans. Une fin de non-recevoir qui néglige la demande de la famille ainsi qu’un tri favorable effectué en interne.
Il n’y a pas de motif fourni à l’avocate de la famille, Caty Richard, et le parquet de Nanterre refuse toute communication avec la presse. On peut toutefois supposer la raison du refus, que l’on pourrait trivialement rédiger ainsi : « Avec la centaine d’affaires déjà en cours de traitement et seulement trois juges d’instruction affectés au pôle, on ferme. Merci et veuillez repasser le jour où des effectifs suffisants seront déployés. » Le ministre démissionnaire de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a promis un quatrième cabinet d’instruction pour 2025 (lire l’épisode 21, « Le pôle “cold cases” réveille les morts »)… mais c’était en mars dernier et les législatives sont passées par là, ne lui laissant que peu d’espoir de se maintenir en poste. Les crimes impunis devront attendre.
Un matin d’hiver 2010 donc, comme tous les jours, Jean-Pierre Charbonnier sort de chez lui, 9 place Charcot à Sarcelles, dans une cité où il vit depuis trois décennies.