Les succès d’élucidation du pôle de Nanterre, créé il y a deux ans, révèlent les défaillances du passé. Et le manque de moyens d’aujourd’hui.
8 mars 2024 · Épisode n° 21
Photo Denis Allard/Leextra.
Son rôle dans la série.
Né en 1961 à Maubeuge, dans le Nord, d’une mère femme de ménage d’origine italienne et d’un ouvrier métallurgiste, il s’est hissé à Lille puis à Paris au firmament des avocats pénalistes avec un nombre record de près de 150 acquittements aux assises. Carrure énorme, voix puissante et regard noir, surnommé « le Gros » ou « Acquittator », Éric Dupond-Moretti a été de l’avis général le meilleur plaideur d’assises de sa génération. Après le dossier du faux réseau pédophile d’Outreau dynamité avec d’autres lors de deux procès retentissants en 2004 et 2005, il prend une place centrale dans la vie judiciaire. L’affaire de l’assassinat du préfet de Corse Claude Érignac, celle du tueur jihadiste de Toulouse Mohammed Merah et une kyrielle de dossiers criminels lui valent des succès si éclatants qu’il se lance dans le pénal financier. Il sauve de la prison l’ex-ministre PS du Budget Jérôme Cahuzac mais pas l’ex-maire de Levallois LR Patrick Balkany. Tandis qu’affluent à son cabinet le roi du Maroc, le footballeur Karim Benzema et un cortège de célébrités, il joue dans une pièce de théâtre à succès, publie des best-sellers, est recruté pour animer une émission de radio mais entre sans crier gare au gouvernement en 2020, où les ennuis s’accumulent. Il est mis en examen en juillet 2021 pour « prise illégale d’intérêt » pour ses actions ministérielles menées contre des magistrats dans des dossiers qu’il a eu à connaître comme avocat, et relaxé par la Cour de justice de la République en novembre 2023. Un vaste mouvement revendicatif sur le thème de la misère budgétaire secoue la magistrature fin 2021, ridiculisant des assises qu’il organisait en parallèle. La création du pôle sur les crimes en série pourrait être le seul acquis vraiment concret de son bilan. Il connaît bien le sujet, ayant notamment défendu la famille d’une victime oubliée de l’adjudant Pierre Chanal, Trevor O’Keefe.
Photo Olivier Roller/Divergence-images.
Son rôle dans la série.
Mis sur écoute par le Parquet national financier en tant qu’avocat, et ami proche de Thierry Herzog, Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice depuis juillet 2020, est doublement en situation de conflit d’intérêts dans l’affaire Bismuth. D’autant qu’en septembre dernier, le garde des Sceaux a lancé une enquête administrative contre trois magistrats du PNF. Mais celle-ci dépend désormais de Matignon : un décret paru le 23 octobre 2020 oblige Éric Dupond-Moretti à se déporter dans les affaires qu’il a eu à traiter en tant qu’avocat.
Photo Raphaël Lafargue/Abaca.
Son rôle dans la série.
Avant, Éric Dupond-Moretti était avocat pénaliste. Il se battait pour acquitter ses clients et leur éviter à tout prix la prison. Aujourd’hui, Éric Dupond-Moretti est ministre de la Justice et les prisons, il les construit à n’importe quel prix. 15 000 nouvelles places d’ici à 2027 qui coûteront 4,4 milliards d’euros, alors que toutes les études montrent que plus on construit, plus on enferme. Mais peu importe, quand on aime, on ne compte pas. « Ceux qui pensent que la prison, c’est le trois-étoiles, se trompent complètement, déclarait pourtant Dupond-Moretti sur BFM le 7 juillet 2020. Et ils devraient se taire. »
Par Pierre Bafoil
Photo Raphaël Lafargue/Abaca.
Son rôle dans la série.
Le garde des sceaux Éric Dupond-Moretti fait partie de ces ministres envoyés par Emmanuel Macron au front des régionales pour tenter de prévenir le crash attendu du parti présidentiel lors de ce scrutin : il dirige la liste La République en marche du Pas-de-Calais, la tête pour la région étant tenue par Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des Retraites. À 60 ans, l’ancien pénaliste, entré officiellement en campagne ici pour contrer le Rassemblement national, donne aussi de sa grosse voix pour enquiquiner Xavier Bertrand et perturber ses visées élyséennes. On verra bien ce que ça donnera au second tour.
Une mesure forte si Laurent Pietraszewski est président de région : un « Passe liberté » à 1 000 euros pour payer le permis de conduire de chaque jeune à sa majorité.
Son rôle dans la série.
Connu pour ses capacités à faire acquitter ses clients aux assises, Éric Dupond-Moretti, né en 1961, se met rarement du côté de la partie civile. À Aulnay-sous-Bois, il défend pourtant Théo L. et sa famille. L’avocat soutient qu’il s’agit bien d’un viol, et pas de simples violences.
Il est nommé ministre de la Justice le 6 juillet 2020.
Par Camille Polloni
