Barbara Romagnan travaille sur le travail, et depuis longtemps. Est-ce parce que c’est l’un de ses tropismes ? Quand je lui demande au téléphone comment se sont écoulés ces derniers jours, elle me raconte à quel point la réforme annoncée du code du travail a occupé ses discussions. Quand elle a sillonné sa circonscription la semaine dernière, elle s’est présentée dans des communes rurales où elle avait été obligée d’annuler des réunions publiques après les attentats du 13 Novembre pour être présente au Parlement. La députée déteste, dit-elle, ne pas honorer ces rendez-vous avec les citoyens qu’elle fixe régulièrement pour rendre compte de son mandat.
Quand elle a pris la parole à Pointvillers (146 habitants) et Arc-et-Senans (1 562 habitants), la députée PS de la première circonscription du Doubs a remonté le fil du temps et a expliqué pourquoi elle avait voté contre le maintien de l’état d’urgence et la déchéance de nationalité (lire l’épisode 2, « Barbara Romagnan : elle doute mais ne s’abstient pas »). Mais, rapporte-t-elle, dans ces bourgs de campagne, on ne lui a parlé que de la « réforme El Khomri », du nom de la ministre du Travail. C’était ça le sujet. Les gens étaient vraiment scandalisés. Sur la question des indemnités en cas de licenciement abusif, sur la rémunération des heures supplémentaires… Il y avait des gens qui craignaient pour leur avenir, qui travaillent par exemple dans la sous-traitance automobile ou la fabrique de presses de machines, d’autres qui ont déjà perdu leur emploi et voient que leur probabilité de retrouver du boulot est de plus en plus faible, ou des gens simplement choqués…
, résume-t-elle.
Il y a sûrement des choses pas claires et redondantes dans le code du travail, qui pourrait bénéficier d’un toilettage utile, mais la “complexité” ne vient pas avant tout de protections trop “rigides” des salariés.
Depuis la tribune de Martine Aubry, à une pétition contre le projet de loi qui vient de dépasser le million de signatures, jusqu’à la manifestation de ce mercredi 9 mars – où la députée a prévu de se rendre –, la réforme agite et inquiète. Le gouvernement a décalé de deux semaines la présentation du texte en Conseil des ministres. Un report, mais pas de répit. Pour elle, voilà un nouveau combat qui s’ouvre.

Avant toute chose, la députée socialiste condamne les présupposés de la réforme. Pour elle, il est faux de penser que la complexité du code du travail est un frein à l’emploi. Il y a sûrement des choses pas claires et redondantes dans le code du travail, qui pourrait bénéficier d’un toilettage utile, mais la “complexité” ne vient pas avant tout de protections trop “rigides” des salariés
, pose-t-elle. Surtout,