Des coups de feu, encore. Les derniers. Il est 0 h 18, le 14 novembre 2015, et l’assaut final vient d’être donné au Bataclan (lire l’épisode 2, « 13 novembre 2015, si longue est la nuit »). Le bleu des gyrophares colore Paris. Certains otages sont encore cachés, comme encastrés dans le faux plafond de la salle de spectacle, dans le placard du compteur électrique, sous les corps d’autres amoureux du rock. L’heure va être au funeste décompte, au deuil, et à l’enquête policière. Mais déjà, trois hommes s’échappent.
Plus tôt, deux tireurs des terrasses se sont enfuis à bord de leur Seat noire, abandonnée à Montreuil (Seine-Saint-Denis) – lesenquêteurs retrouveront la voiture le lendemain, vide de ses occupants mais pleine d’armes et de munitions. Les deux hommes se sont évanouis dans la nature. Avant de disparaître, ils ont laissé un signal orange fluo, couleur des chaussures de l’un d’eux – on ne peut plus passe-partout. Dans la nuit du 13 au 14 novembre, ces baskets attirent l’œil sur deux vidéos de caméra de surveillance. Sur la première, l’homme qui les porte tire sur les terrasses du Xe arrondissement de Paris. Quelques heures plus tard, ce sont les caméras de la RATP qui les immortalisent, à l’entrée du métro Croix-de-Chavaux, à Montreuil. Douze minutes. Le temps d’un trajet dans la ligne 9 du métro parisien jusqu’à Nation, où elles sont à nouveau repérées, et les chaussures, leur propriétaire et son acolyte plus sobrement chaussé, disparaissent.
Un troisième individu semble s’être envolé, celui qui a déposé le commando de tueurs au Stade de France.