Après 148 jours d’audience et deux jours et demi de délibéré, la cour d’assises de Paris a été sans pitié avec Salah Abdeslam, dont la défense avait pourtant plaidé toute une journée pour tenter de lui épargner l’éternité carcérale (lire l’épisode 29, « “N’avez-vous pas vu son armure se fendiller ?” ») : le Français de 32 ans, seul survivant du commando de tueurs du 13 Novembre responsable de la mort de plus de 130 personnes lors de cette soirée terrible de 2015 (lire l’épisode 2, « 13 novembre 2015, si longue est la nuit »), s’est vu infliger la peine de réclusion à perpétuité sans aucune possibilité de libération conditionnelle, perpétuité « réelle » donc et peine rarissime en France, jusqu’ici infligée seulement à quatre accusés depuis sa création en 1994, dont le tueur en série Michel Fourniret, dans des affaires de crimes sexuels de droit commun. La cour s’est fondée, comme le demandait l’accusation, sur une disposition particulière concernant cette perpétuité réelle. Introduite en 2011, elle concerne les homicides ou tentatives d’homicides sur « personnes dépositaires de l’autorité publique ». Salah Abdeslam est ainsi retenu dans cette disposition au titre des tirs sur les policiers au Bataclan, où il n’est pas impliqué directement mais dont il est juridiquement co-auteur avec les neuf autres membres décédés du commando du 13 novembre.
Le psychiatre Daniel Zagury, qui a examiné l’accusé en novembre 2021, l’a jugé sain d’esprit et a expliqué à l’audience qu’il était peut-être capable de revenir un jour sur ses idées fanatiques.