Le cofondateur et président de Bygmalion s’avance devant le tribunal. Dans son dos, les bancs de la presse et du public, très clairsemés les jours précédents, se sont remplis. L’interrogatoire de Bastien Millot est particulièrement attendu à l’issue de cette première semaine de débats, que la présidente, Caroline Viguier, a choisi de consacrer aux responsabilités au sein de l’agence de communication. Bastien Millot comparaît pour « complicité d’escroquerie », « complicité de faux et usage de faux » et « complicité de financement illégal de campagne électorale » dans l’affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy. Auprès des enquêteurs, mais aussi aux journalistes, il a nié toute implication dans le système de fausses factures mis en place dans sa propre entreprise. Il a même toujours prétendu les avoir apprises dans la presse, au début de l’année 2014. Mais trois des ex-dirigeants de Bygmalion ont successivement infirmé son positionnement au cours de leur interrogatoire. Franck Attal d’abord, chargé de l’organisation des meetings (lire l’épisode précédent), a estimé que « chez Bygmalion, aucune décision importante ne se prenait sans l’aval de Bastien Millot ». Puis le directeur général adjoint de l’agence, Sébastien Borivent, a dressé de lui le portrait peu flatteur d’un homme avide de pouvoir : « Son autorité devait se sentir à chaque étage sur chaque personne. » Enfin Guy Alves, cofondateur de Bygmalion, s’est souvenu sans détour avoir discuté des fausses factures avec son associé.
Bastien Millot et le supplice de la barre
Chargé par ses anciens collaborateurs, le fondateur de Bygmalion a subi les questions du tribunal sans convaincre qu’il ne savait rien de la carambouille.
Texte
Aurore Gorius
Photo
Baltel/Sipa