«Salut à toi, nouveau biker ! » Au lancement de Deliveroo France, les livreurs qui rejoignent l’entreprise sont salués d’un mail qui s’ouvre sur cette joyeuse formule. C’est l’ADN de la start-up, décrite sous tous ses angles lors de la deuxième semaine du procès de la plateforme pour « travail dissimulé » (lire l’épisode 1, « Deliveroo : gros gains, gros procès »). À la barre, trois ex-dirigeants se sont succédé. Ils ont été confrontés par le tribunal correctionnel de Paris à des dizaines de messages et de formulaires internes dans lesquels le tutoiement des coursiers est de mise, souvent agrémentés d’une pointe d’humour et signés d’une autre formule tout aussi joyeuse que la première : « Ride safe » (« Pédalez en toute sécurité ! »).
Cette familiarité des échanges avec les livreurs indépendants peut-elle faire oublier le caractère coercitif de certaines instructions, assimilées à des « ordres » purs et simples par l’Inspection du travail ? L’un des documents projetés durant l’audience était intitulé : « Les dix commandements du biker ». En face, les trois hommes qui ont lancé la plateforme en France ont persisté à n’y voir aucune forme de contrôle sur leur flotte de coursiers. Ce mercredi, la procureure a, elle, requis la peine maximale encourue pour « travail dissimulé » : 375 000 euros d’amende à l’encontre de la société Deliveroo, avec obligation d’afficher le jugement sur l’application pendant deux mois.