Le procès Fillon entre dans sa dernière ligne droite. Au bout de deux semaines de débats, à raison de trois jours d’audience par semaine, les activités de Penelope Fillon auprès de son mari n’ont pas gagné en précision. Depuis le début, son incapacité à décrire concrètement les tâches qu’elle prétend avoir accomplies et à entrer dans le détail de ses missions est allée dans le sens du dossier d’accusation. Penelope Fillon a-t-elle vraiment travaillé ? Ou simplement assuré un rôle d’épouse d’élu ayant cumulé les mandats locaux, en prenant progressivement une dimension nationale ? Les positions de chaque partie n’ont pas beaucoup évolué au fil des audiences, souvent pénibles pour Penelope Fillon (lire les épisodes 2 et 3). Elles se sont même polarisées. La défense a continué d’instruire le procès du procès, dans une position victimaire qui a pu la desservir. Et le Parquet national financier, sûr de son fait, s’est énervé de tentatives de dernière minute pour apporter des éléments plus tangibles.
En fin de semaine dernière, la défense a ainsi cherché à marquer des points. Après avoir fait défiler à la barre trois témoins, parmi les plus fidèles collaborateurs des Fillon (lire l’épisode 4, « Le timide monsieur Joulaud et la discrète madame Fillon »), qui ont tous certifié du rôle « essentiel » de Penelope Fillon dans l’équipe de son mari, elle a produit trente-quatre témoignages écrits, prouvant encore, selon elle, la réalité de son travail. Arrivés in extremis, ces documents ont été versés au dossier juste avant le début du procès. Leurs auteurs se seraient même « proposés » spontanément, selon François Fillon. L’accusation, évidemment, n’a pas apprécié.

Sur le banc des procureurs, on s’est étonné que ces témoins n’aient pas été présents physiquement à la barre : « La défense avait tout le loisir de demander leur audition. » François Fillon a rétorqué que plusieurs d’entre eux souhaitaient rester anonymes. L’ex-Premier ministre et candidat à l’Élysée a aussi réitéré un reproche constant à l’égard de l’accusation : l’enquête comporterait des « biais ». L’agacement des procureurs a tenu lieu de revanche sur l’instruction pour François Fillon :