Soumis à un interrogatoire serré sur l’assassinat de Farida Hammiche pour s’approprier le magot en or déterré d’un cimetière, Michel Fourniret, à plus de 76 ans, n’entend pas tout, et ponctue son récit de « je n’ai pas souvenance » ou de « ça ne date pas d’hier ». Trente ans après, la cour d’assises des Yvelines essaie de savoir si le meurtrier se souvient du lieu où il a enterré le corps de sa victime en avril 1988 (lire l’épisode 7, « Farida Hammiche, morte avant l’or »). Ou bien si ses troubles réels de l’audition et de la mémoire sont utilisés comme une feinte.
Posé dans son box des accusés telle une statue inexpressive, figé, les cheveux gris peignés en arrière, le regard bleu acier encore perçant derrière les lunettes, le tueur en série a trahi les traits de « caractère paranoïaque et pervers » soulignés par les psychiatres. Ainsi, Michel Fourniret déroule avec emphase une fable. À l’en croire, il n’aurait pas touché la commission de 500 000 francs en or convenue pour son labeur de « désenfouissement » du trésor en compagnie de Farida, l’épouse du commanditaire de l’opération Jean-Pierre Hellegouarch. « Une fois le travail effectué, il n’était plus question d’or », prétend l’accusé.
« Vous contestez avoir perçu une partie du butin ?, s’étonne le président Didier Safar.
Effectivement, ce projet proposé n’était plus d’actualité dès que j’ai fait main basse sur les pièces. Comme je n’ai plus eu d’écho de la matérialisation de cette promesse de Jean-Pierre, à partir de là, je me suis servi.
Quelle est la raison pour vous approprier cet or ?
Du fait de mon manque de scrupules.
Ça, c’est la cause, pas la raison, souligne le président.
La raison, elle est tout simplement abjecte, une question d’argent », admet sans ambages le criminel.
Fourniret était alors obnubilé par le magot qui allait le sortir de sa dèche : « J’attendais, j’attendais, j’étais fauché… » Il prétend qu’il espérait « une forme de reconnaissance » de la part du gangster qui l’avait missionné pour aller chercher cet or.