«Je n’y comprends rien. […] Ça provoque en moi un ennui abyssal ! », tonne Nicolas Sarkozy à la barre. L’ancien président de la République est interrogé sur les écoutes, mercredi 7 décembre, au lendemain de leur diffusion dans la salle d’audience du procès Bismuth (lire l’épisode précédent, « En appel, la cour entend enfin Paul Bismuth »). À l’entendre, ses échanges téléphoniques avec son avocat et coprévenu, Thierry Herzog, ne sont que des « bavardages ». Les arcanes de la procédure pénale ne l’intéressent pas, il n’est alors qu’un « justiciable inquiet », qui « prend des éléments d’information générale » sur son pourvoi en cassation, formé afin de récupérer ses agendas présidentiels, saisis dans l’affaire Bettencourt
Pendant de longues heures, mercredi 7 et jeudi 8 décembre, les écoutes sont décortiquées, parfois mot à mot, par la cour. Et la présidente, Sophie Clément, ne semble pas avoir la même lecture que celle, distante et désintéressée, donnée par Nicolas Sarkozy. Elle l’interroge : « Quand Thierry Herzog vous dit, le 25 février 2014 à 19 h 25, à propos de Gilbert Azibert : “Il a bossé, hein ?”… » Nicolas Sarkozy s’énerve : « Je réponds quoi ? “Bon”, “OK parfait”. Ça veut dire quoi ? Que je n’y attache aucune importance ! Je dis ça pour clore la conversation ! » Sophie Clément insiste : « Ah bon ? Et ensuite, vous demandez si ça se passe bien… » Nicolas Sarkozy, toujours aussi véhément : « Je demande quelle est l’ambiance ! Thierry Herzog me dit qu’il a un ami qui sait ce qui se passe, je demande et puis je passe à autre chose ! » Gilbert Azibert, ex-haut magistrat à la Cour de cassation et troisième prévenu au procès, est le « correspondant » de Thierry Herzog. Il est aussi au centre du pacte de corruption que l’accusation reproche aux trois hommes : il aurait cherché et délivré des informations sur le pourvoi de Nicolas Sarkozy contre la promesse d’un soutien pour obtenir un poste qu’il convoitait à Monaco.

Mais devant la cour, l’ex-président de la République répète à l’envi qu’il n’a eu « aucun contact » avec Gilbert Azibert « ni de visu, ni par téléphone ».