En hauteur, sous les boiseries du Palais de justice de Paris, les deux écrans de télévision disposés de chaque côté de la salle d’audience sont allumés. Le public et les journalistes peuvent y lire la liste des vingt-cinq écoutes, classées par ordre chronologique, qui vont être diffusées, en ce mardi 6 décembre, par la cour d’appel de Paris dans le procès Bismuth. Avant d’entrer, tous ont dû éteindre leurs portables et les glisser dans une poche en plastique zippée, les mêmes que celles utilisées pour enfermer les fioles de liquide aux contrôles des aéroports avant d’embarquer : dans une (troublante) mise en abyme, la cour redoute d’éventuels enregistrements clandestins des écoutes. Sur les bancs des prévenus, l’ex-président de la République Nicolas Sarkozy, son avocat Thierry Herzog et l’ex-magistrat Gilbert Azibert jouent gros. En première instance, ils ont tous les trois été condamnés à trois ans de prison dont un ferme
À l’ouverture du procès en appel, ce lundi 5 décembre, Nicolas Sarkozy a clamé son innocence avec la même véhémence que deux ans plus tôt, en première instance. « Je conteste ma culpabilité avec la plus grande force. Je conteste ma peine avec la plus grande force. Nous allons entendre les écoutes, je m’expliquerai sur chacune. Je suis un ancien président de la République, je n’ai jamais corrompu qui que ce soit », a-t-il lancé à la barre dès sa première prise de parole. L’accusation lui reproche, sur la foi des écoutes, d’avoir noué un pacte de corruption via son avocat, Thierry Herzog, avec le haut magistrat Gilbert Azibert. À l’époque, fin 2013, l’ex-chef d’État s’est pourvu en cassation afin de récupérer ses agendas, saisis dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Gilbert Azibert, ancien conseiller de la garde des Sceaux Rachida Dati lorsque Nicolas Sarkozy était à l’Élysée, aurait été actionné afin d’obtenir des informations sur cette procédure, en échange d’un « coup de pouce », selon les termes de Nicolas Sarkozy (lire l’épisode 5, « “On parle d’un coup de pouce, on n’est pas dans un pacte” »), pour l’obtention d’un poste haut placé à Monaco.

C’est en écoutant les conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat dans le cadre de l’instruction sur l’affaire libyenne (lire l’épisode 8, « Derrière les écoutes, l’entente avec Kadhafi ? ») que les enquêteurs ont décelé ce pacte de corruption présumé.