Si seulement elle montait, si seulement elle pouvait revenir, comme toujours. La Fifa et le Qatar comptent sur elle pour balayer ce cortège de scandales, les fantômes de milliers de miséreux morts en bâtissant les stades (lire l’épisode 1, « Au Qatar, Amnesty la met au fonds »), les probables intrigues de corruption qui ont offert le Mondial à Doha (lire l’épisode 2, « Qatar, le monde au Doha et à l’œil »), l’arnaque de la Coupe du monde « zéro carbone » (lire l’épisode 3, « Écologie : le Mondial simule »). Elle, c’est la fièvre du football, une passion planétaire dévorante, au point d’avoir attiré un humain sur deux devant le spectacle en 2018, selon les calculs de la Fifa. En Afrique et surtout en Amérique latine, c’est une religion, on disperse les cendres des défunts sur des pelouses de stades, on dresse des autels pour le culte de Maradona… Boycotter un Mondial – à la maison ou sur un autre
En Europe, cette passion est à peine plus tiède chez les Latins mais se situe quand même deux degrés en-dessous en France. Pas d’Église Michel Platini, pas d’enterrement en maillot, mais le foot y est néanmoins, et de loin, le premier sport pratiqué : plus de 2 millions de licenciés. Les Bleus sont champions du monde en titre, avec dans leurs rangs des gamins de banlieue comme Kylian Mbappé, ce qui alimente le mythe éternel du football qui pulvériserait les discriminations, les préjugés, les fractures sociales.