Alors que des centaines de milliers de manifestants ont encore défilé dans toute la France ce mercredi 15 mars pour marteler que « 64 ans, c’est non » (lire l’épisode 1, « Les 64 ans entre quatre-z-yeux »), le projet de réforme des retraites voulu par Emmanuel Macron n’a jamais été aussi proche de voir le jour. Au même moment, réunis pour la commission mixte paritaire
L’incertitude dans laquelle se trouve plongé le gouvernement à la veille du vote de son projet de loi est-elle inédite dans la longue histoire des réformes des retraites ?
Oui, car ceux qui ont mené le même type de réformes par le passé ont toujours disposé d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Une telle tension est inédite, même si l’on a vécu une situation comparable, bien que moins dramatisée, quand la loi de finances de 1991 a mis en place la contribution sociale généralisée (CSG). Faute de majorité suffisante, le Premier ministre Michel Rocard a eu recours à l’article 49.3 de la Constitution. Sa méthode était la même que celle d’Élisabeth Borne : tenter de construire des majorités de circonstance, mais cela n’a pas toujours suffi. Aujourd’hui, les difficultés du gouvernement tiennent aussi à la nature du projet, très impopulaire. Le texte est perçu comme un retour en arrière, une perte d’acquis sociaux, une réforme régressive (lire l’épisode 5, « Retraites : les femmes, premières de corvées »), ce qui le rend d’autant moins « vendable ». En le combattant et en dramatisant à juste raison la situation, les syndicats se retrouvent sur un terrain de mobilisation qui leur est familier.