Un 49.3 et ça repart ? Ce jeudi 23 mars, l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de manifestations contre la réforme des retraites. De Dunkerque à Nice, de Brest à Strasbourg, la carte de France des rassemblements va de nouveau se couvrir d’une constellation de points chauds (lire l’épisode 4, « L’intersyndicale sera le genre humain »). La circulation des trains à la SNCF et des métros à la RATP sera « fortement perturbée ». Mais derrière le rituel de la protestation qui s’est installée depuis mi-janvier, quelque chose a changé ces derniers jours. Depuis le recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter le projet de loi, le 16 mars (lire l’épisode 7, « Borne et l’article de la mort »), « le gouvernement est dans l’embarras et il l’a bien cherché », glisse, sourire en coin, Gérard Gourguechon.
L’homme en chemise à carreaux et pantalon de velours défilera ce jeudi à Paris avec un drapeau du syndicat Solidaires des retraités. À 82 ans, l’ancien inspecteur des impôts est un vieux routier des mouvements sociaux : s’il a réuni tous ses trimestres il y a déjà 22 ans, chanceux bénéficiaire de la retraite à 60 ans, il s’accroche à sa longue carrière de manifestant. À la louche, Gérard Gourguechon estime avoir participé dans sa vie à quelque 200 cortèges, des combats pas toujours victorieux, notamment sur les retraites (lire l’épisode 6, « “Une telle tension est inédite” »). Cette fois, le retraité se prend à espérer que « ça se passe un peu moins mal que d’habitude ». Un espoir partagé par nombre d’opposants à la réforme, engagés de plus ou moins longue date dans le mouvement, même si l’exécutif se montre à ce jour toujours aussi inflexible, ainsi que l’a réaffirmé Emmanuel Macron lors de son interview télé de mercredi midi (lire l’épisode 8, « Macron et les 49,3 raisons de manifester »).

Gérard Gourguechon aurait continué de manifester contre la réforme si celle-ci avait été votée au Parlement grâce au soutien des Républicains. Son syndicat y aurait sans doute appelé, de même que la CGT, parmi les confédérations dites « contestataires ». Mais les syndicalistes de la CFDT ou de la CFTC auraient peut-être rangé les banderoles plus tôt.
Au contraire, le refus du vote des députés acté par Élisabeth Borne jeudi dernier « entretient et renforce l’unité syndicale », constate, satisfait, le retraité. Au nom de