«Le singe qui devait être en taule est aujourd’hui une championne. » Quelques secondes après avoir gagné l’or olympique ce lundi 8 août, face caméra, la judoka Rafaela Silva répond fièrement aux critiques racistes dont elle a fait l’objet. Comme la plupart des habitants des favelas, elle ne veut plus se taire et s’affiche conquérante. Le temps où les favelados avaient honte de leurs origines a vécu. Dans les gradins à quelques mètres de là, son père sourit, en larmes : Aujourd’hui, ça va être la fête à la Cité de Dieu
, son quartier d’origine. Quinze jours après le sacre de Rafaela Silva, on se pointe là-bas avec Vincent Rosenblatt, le photographe, pour voir ce que pensent les habitants de sa victoire et des Jeux olympiques.
Sa victoire brise les préjugés, c’est important pour nous. Quel autre héritage les JO vont nous laisser ?
La route de Grajaú traverse les montagnes de l’immense forêt de Tijuca encerclée par la ville. En sortant de la forêt, les condomínios luxueux, ces résidences privées et sécurisées, se succèdent. Mais en quelques centaines de mètres, maisons et immeubles se font plus modestes jusqu’à faire place aux premières maisons de la Cidade de Deus, sans que le contraste ne soit frappant. Si on reste sur l’artère centrale du quartier, on peut y passer sans s’en rendre compte. La plus fameuse des favelas de Rio de Janeiro semble cachée derrière les montagnes du parc de Tijuca où son destin s’est longtemps joué à l’abri des regards. Les successions des expulsions de la zone Sud dans les années 60 ont peuplé ce quartier d’habitants laissés à eux-mêmes.