Sandra prend une profonde inspiration. Assise dans la petite église de béton en reconstruction, cette leader du mouvement pour l’urbanisation de la favela Vila Autódromo, rasée pour construire le parc olympique, s’apprête à revenir sur l’histoire d’une longue bataille victorieuse. Six années d’une lutte acharnée méritent bien une respiration. Leur favela, une ancienne communauté de pêcheurs née dans les années 60 et située à 32 kilomètres du centre-ville, n’existe plus. Seules quelques ruines de l’ancienne favela se dressent encore, défiant les immeubles flambants neufs du parc olympique voisin. Pourtant, Sandra ne s’était pas sentie aussi bien depuis que la vie dans cette favela paisible de l’Ouest de la ville a été bouleversée par la décision en 2009 du CIO d’accorder les JO de 2016 à Rio de Janeiro.
Pêcheurs, enseignants, ouvriers, commerçants, retraités, presque tous ont cédé face aux engins de chantier venus faire place nette pour le parc olympique. Comme Sandra, quelques-uns n’ont pas bougé et ont gagné. La mairie a été obligée de construire de nouvelles maisons pour elle et les dix-neuf autres familles restées sur place. Elles doivent être livrées cette semaine. Sandra savoure maintenant, sourire en coin, les résultats de son engagement, féroce et exténuant, qui en a fait l’un des cauchemars du maire de la ville, Eduardo Paes. Face aux méthodes de la mairie, elle et les autres se sont jetés dans la lutte à corps perdus. Retour sur leur combat.
En cette chaude matinée de janvier 2016, devant la porte latérale de l’immense Museu do amanhã (Musée de demain) flambant neuf, Eduardo Paes sort de l’un des nombreux événements qui jalonnent ses longues journées de travail.