Le sud de l’Yonne n’est pas le territoire le plus déserté de France, loin de là. Il y a encore des cafés dans les principaux bourgs, des pharmacies, des boulangeries, des petites usines et des carrières pour donner de l’emploi. Mais tout cela disparaît dès qu’on s’éloigne de la route nationale 151 qui sert de colonne vertébrale entre Auxerre et Nevers, et un sentiment de déclin transparaît dans le discours de tout le monde ici.
C’est dans cette faille du contrat social français que se sont engouffrées la droite et l’extrême droite depuis l’annonce de la généralisation des 80 km/h par le Premier ministre Édouard Philippe, en janvier. D’autant plus que le gouvernement a fait preuve de légèreté sur ce dossier, de l’aveu même de Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière, la principale association qui milite pour un durcissement des diverses règles qui encadrent la conduite. Elle soutient fortement la réforme qu’elle demande depuis longtemps et met en avant les nombreuses données scientifiques qui ont mené à son adoption, mais elle regrette que les 80 km/h aient été « mal expliqués au départ. Ça a manqué de pédagogie ». L’effort n’a été que récent, via des spots radio arrivés sur les antennes en mai, puis un intense service après-vente du Premier ministre dans les médias à l’approche du 1er juillet, date d’application de la mesure.
Chantal Perrichon se désole aussi, comme tant d’autres spécialistes du sujet, que le test mené sur la RN 151 et deux autres nationales en France ne soit pas irréprochable scientifiquement.