Henri Proglio n’est pas du genre à cacher ses sentiments. Ce 14 février 2012, le PDG d’EDF visite l’usine de construction de panneaux photovoltaïques de Photowatt, à Bourgoin-Jallieu, en Isère, en compagnie du président Nicolas Sarkozy, qui s’apprête à annoncer sa nouvelle candidature à la présidentielle. Et l’industriel a beau être mitraillé par les photographes, il fait la tête, les bras obstinément croisés. La raison ? Son « ami » Nicolas lui a tordu le bras pour qu’EDF sauve l’entreprise iséroise, alors en grande difficulté financière. Henri Proglio pense que c’est mission impossible. La situation actuelle de l’entreprise prouve qu’il avait raison.
Depuis 2012, l’histoire de Photowatt est celle d’un mariage de raison avec l’électricien public qui se transforme en désagrégation industrielle à bas bruit. Pas de manifestations, pas d’explosion sociale mais un « pionnier historique de l’industrie solaire depuis quarante ans » (c’est ainsi que l’entreprise se présente sur son site) qui diminue petit à petit de volume, fait partir son personnel et ferme des ateliers. Paradoxal alors que le gouvernement veut promouvoir cette énergie propre et qu’Emmanuel Macron annonce des projets de « gigafactories » solaires sur tout le territoire (lire l’épisode 1, « Un coup de solaire, un coup d’amour, un coup d’je t’aime »).