Karim Taïbi a le crâne rasé et l’art de la punchline. Il est pistard chez Air France, délégué syndical Force ouvrière (FO) et élu au Comité central d’entreprise (CCE). Aussi, quatre jours seulement après la journée des chemises déchirées, le 5 octobre 2015, quand il reçoit une convocation à la direction des ressources humaines, il pense à une énième réunion pour discuter du cas de tel ou tel salarié. Il se trompe. Il s’assoit dans le bureau et, face à lui, la directrice des ressources humaines lui assène : Les vigiles nous disent que vous avez merdé !
Vous voulez me monter une affaire ? Je suis mort de rire car tout a été filmé et je vais vous prendre un maximum d’oseille !
La DRH l’informe que la compagnie va porter plainte contre lui pour des actes de violence qu’il aurait commis durant l’envahissement du CCE (lire l’épisode 1, « Le jour de la chemise »). « Quand j’ai compris qu’elle ne me faisait pas une blague, je lui ai dit : “Très bien ! Vous voulez me monter une affaire ? Je suis mort de rire car tout a été filmé et je vais vous prendre un maximum d’oseille !” » Karim a de quoi être serein. Sur les différentes vidéos, on le voit avec son mégaphone crier : Calmez-vous ! Calmez-vous !
Trois jours après cette entrevue hiérarchique, l’un de ses camarades de FO, Karim Belabbas, cite le nom de Karim Taïbi sur BFMTV et suggère à propos de son cas : On voudrait faire pression sur les organisations syndicales, on ne ferait pas mieux !
La direction finit par faire machine arrière, le nom de Karim ne figure pas sur la liste finale des salariés sanctionnés en interne et poursuivis en justice.