Il est 6h50. Le parvis du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) est encore désert. Dans le square d’en face, de l’autre côté de la route, des hommes déchargent des enceintes d’un camion et déploient une remorque qui se change en scène. C’est ici que va se tenir le rassemblement de soutien aux employés d’Air France jugés ce vendredi 27 mai : c’est le procès de la chemise. Trois journalistes et une caméra attendent sur le pont qui relie le tribunal à ce square.
7h15 : « Il y aura aussi mon tonton ! »
Je suis pressé d’en découdre !
Vincent Martinez n’a pas changé de mode. Il débarque ce matin cigarette au bec et s’assoie devant l’entrée du parking du tribunal de grande instance. Le magasinier d’Air France est arrivé tôt, par impatience et pour éviter la cohue. Il est accompagné de Pascal Belrose, son secrétaire de section CGT qui, lui, a été licencié en 1992 jusqu’à ce qu’un mouvement de soutien de 1 500 personnes ne force la direction à faire marche arrière
. Vincent est jugé ce vendredi en correctionnelle avec quatorze autres collègues ; certains pour « violences aggravées en réunion », d’autres pour « dégradations aggravées en réunion ». Ces quinze salariés sont tous syndiqués : quatorze à la CGT, un à FO. Il y a sept mois, le 5 octobre 2015, ils ont participé à la journée d’action qui s’est terminée par l’arrachage de la chemise de deux hauts cadres de la compagnie (lire l’épisode 1, « Le jour de la chemise »).